Air-Santé-Climat réagit aux articles mensongers du Figaro

Nous avons assisté dernièrement dans le journal  Le Figaro à la divulgation d’articles mensongers sur les véhicules diesel. 

Ainsi, après avoir publié une tribune truffée d’inexactitudes sur le diesel le 12 Novembre dernier, le Figaro récidive le 7 décembre en publiant une tribune titrée « Un véhicule essence émet autant de particules fines que dix vilains diesel ! »  Ces tribunes sont écrites aux mépris des données scientifiques sur l’impact toxique des émissions des véhicules diesels sur la santé.

Dire que les véhicules essence sont plus dangereux que les diesels parce qu’ils émettraient dix fois plus de particules est faux pour plusieurs raisons :

 Les particules diesels sont plus toxiques que celles de l’essence.

Ce qui fait la toxicité d’une particule dépend de sa composition. Ainsi, les particules diesel sont classées cancérogènes certains par l’OMS depuis 2012 en raison des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) présents à la surfaces des particules diesel. La composition des particules essence est beaucoup plus variable et dépendra du type d’essence. Un mélange d’éthanol 5% (SP 95) et 10% (E10) permet de réduire drastiquement la composition en HAP des particules essences et donc de diminuer leur toxicité.  

Les filtres à particules (FAP) augmentent  le nombre de particules ultrafines/nanoparticules

Contrairement à ce qui est annoncé, les FAP ne suppriment pas entièrement l’émission de particules, ils diminuent l’émission  des particules plus grosses, mais augmentent celle de nanoparticules qui sont les plus toxiques car elles peuvent atteindre tous nos organes et peuvent même atteindre le fœtus. Ces nanoparticules diesel ont également un impact majeur sur la survenue d’infarctus et d’accident vasculaire cérébral.

De plus, dans le cas des voitures diesel roulant en ville ou effectuant des petits trajets, les FAP s’encrassent et polluent plus.

Les particules de freinage sont communes à tous les type de véhicules (diesel, essence, électrique…) et sont également majoritaires dans l’air du métro, mais elles n’ont pas du tout la même composition ni la même toxicité que les particules de combustion sortant du pot d’échappement. De plus, elles sont de taille plus grande.

Un moteur diesel émet 5 à 10 fois plus de dioxyde d’azote(NO2) qu’un moteur essence et bien plus encore si l’on en prend en compte les tricheries démasquées par le dieselgate et les émissions en conduite réelle.

Encore une fois  en ville, les systèmes de dépollution du NO2 tels que la SCR (réduction catalytique sélective en français) fonctionnent mal et émettront de grandes quantités de NO2. Ces systèmes de dépollution ont en effet besoin d’atteindre une température de 190 ° pour être efficients, ce qui est très peule cas en ville, et ce qui devrait donc conduire les autorités à interdire la circulation en ville des diesels Euro 5 et 6.

Or, en termes de santé, les gaz polluants les plus dangereux  sont le dioxyde d’azote (NO2)et les composés organiques volatils et semi volatils.  

– Le NO2 est responsable de 75000 décès/an en Europe (5000 à 7000 décès/an en France) et il s’agit là d’une estimation basse.Le NO2 a une toxicité reconnue directe sur le système cardiovasculaire et respiratoire.

– Concernant les composés organiques volatiles, même si l’essence est émetteur de benzène (cancérigène), le diesel émet des HAP  plus lourds, et donc plus toxiques. De plus l’ammoniac des systèmes SCR Add Blue, que l’on trouve sur de nombreux diesels récents,  formera- en interagissant avec ces hydrocarbures – des nitro-HAP, extrêmement toxiques.

Il est faux de dire que les diesels émettent moins de gaz à effet de serre que l’essence

–   Les moteurs diesels dans leur cycle de vie émettent plus de CO2 que tout autre véhicule (cf rapport de l’ONG Transport et environnement de septembre 2017 )

–   Les diesels équipés de SCR émettent du protoxyde d’azote (N₂O) 298 fois plus puissant en termes d’effet de serre que le CO2

– Les particules diesel sont fortement carbonées (black carbon) et, en se déposant sur les glaces, elles accentuent fortement le réchauffement climatique

Nous resterons vigilants vis à vis de toute tentative de désinformation. Notre objectif est d’informer et de former pour améliorer la qualité de l’air et lutter contre le réchauffement climatique pour protéger la santé humaine, animale et végétale.

Collectif AIR-SANTE-CLIMAT

Une mission : former et informer                          Un  combat : contre les lobbys

Le collectif « Air-Santé-Climat » :

Guillaume Muller – Val-de-Marne en Transition

Thomas Bourdrel – Strasbourg Respire

Olivier Blond – Respire

Gilles Dixsaut – Fondation du souffle contre les maladies respiratoires

Isabella Annesi-Maesano – DR1 INSERM

Florence Trebuchon – Médecin allergologue Montpellier

Jean-Baptiste Renard – Directeur de recherche LPC2E-CNRS

Pierre Souvet – ASEF