Communiqué de presse – 14 Juin 2017

Le Professeur Michel Aubier va être jugé pour parjure lors de son audition au sénat sur le coût de la pollution atmosphérique. Il n’est pas de notre ressort de commenter le travail de la justice, et nous souhaitons rester sur le terrain scientifique.
 
Nous sommes intervenus par voie de presse le 15 mars 2016 pour réagir aux propos de Mr Aubier concernant le caractère cancérigène du diesel (1). Il est désormais clairement établi que les émanations diesels – qu’elles soient sous forme de gaz ou de particules- sont classées cancérigènes certains pour le cancer du poumon, principalement en raison des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) émis par les diesels, y compris récents.  Le Benzo(a)pyrène est un des nombreux HAP émis par les diesels, extrêmement cancérigène.
 
L’exemple de la ville de Tokyo a récemment permis de démontrer que l’éviction des diesels s’est accompagnée d’une baisse significative de la mortalité cardio respiratoire (2).
 
Cependant nous constatons qu’il persiste encore des voix pour minimiser l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique en affirmant que la qualité de l’air s’améliore et/ou en faisant diversion avec la pollution intérieure.
 
La qualité de l’air s’améliore-t-elle ? :
Les chiffres avancés sont souvent des moyennes nationales ou régionales qui ne tiennent pas compte de la disparité du niveau d’exposition. Cette variabilité est particulièrement présente en zone urbaine. Si la pollution diminue effectivement pour certains polluants (exemple : SO2), pour les autres polluants, il est plus raisonnable de dire que la pollution se modifie. Ainsi, 90% des émissions des véhicules, notamment diesel, sont des particules ultrafines qui échappent aux systèmes de mesures actuels. Or ces particules ultrafines ont un impact majeur sur la santé, notamment au niveau cardiovasculaire ainsi que sur le fœtus.
 
Il est de notre devoir de rappeler que la pollution atmosphérique est responsable de 48000 décès / an en France (3). Selon les recommandations de Santé Publique France « La baisse des niveaux de pollution de l’air constitue l’un des leviers d’action majeur pour la prévention des maladies respiratoires, cardiovasculaires et des cancers en France ». Cette étude qui s’appuie sur l’exposition aux particules fines (PM 2,5) ne prend pas en compte la toxicité des nouveaux véhicules diesels liée aux Nox. Ces gaz sont responsables à eux seuls de 7000 décès / an d’origine cardiaque ou respiratoire, en France.
 
Docteur  Thomas BOURDREL           Docteur Florence TREBUCHON
Docteur Pierre SOUVET
 
 
 
 
(3) Impacts de l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité en France continentale — Santé publique France / p. 1 et analyse des gains en santé de plusieurs scénarios de réduction de la pollution atmosphérique . Santé Publique En France. Juin 2016